CONTENU Actualités Deux œuvres inédites de Magritte, dont une étonnante palette ornée de nuages, vendues aux enchères à Caen

Deux œuvres inédites de Magritte, dont une étonnante palette ornée de nuages, vendues aux enchères à Caen

11 mars 2025

Deux œuvres inédites de Magritte, dont une étonnante palette ornée de nuages, vendues aux enchères à Caen

Cette double découverte toute fraîche ravira les passionnés du surréalisme. Ce samedi 8 mars, deux œuvres inédites du peintre belge René Magritte (1898–1967), réalisées entre 1930 et 1944, et restées jusqu’à aujourd’hui dans le secret d’une collection privée, ont été adjugées à l’hôtel des ventes de Caen : un tableau-objet ludique et poétique, et un lumineux dessin aux crayons de couleur, vendus respectivement à 255 000 et 100 000 euros (316 000 et 124 000 avec frais).

Le petit tableau-objet est particulièrement réjouissant : il s’agit d’un panneau en bois découpé de 25 centimètres sur 21 aux contours ondulés, recouvert à la peinture à l’huile d’un ciel bleu parsemé de nuages blancs, et percé en son cœur par un galet peint en brun évoquant un noyau. Si bien que l’objet final ressemble à une hybridation entre un fragment de décor de ciel, une palette de peintre et une moitié d’avocat ! L’artiste a réalisé à l’époque plusieurs tableaux-objets de ce style, peints tantôt sur un buste, une bouteille ou une table…

Des échos au reste de la création de Magritte

René Magritte, Sans-titre (objet)

Le succès de l’objet s’explique par son originalité, sa poésie et son esprit absurde, mais aussi par le fait que les ciels bleus où flottent des cumulus blancs sont, au même titre que l’homme au chapeau melon, emblématiques de l’œuvre du peintre. Le motif se retrouve en effet à partir de 1928 (peu après sa rencontre avec les surréalistes parisiens en 1927) dans nombre de ses tableaux, dont ses plus célèbres, tels que Le Faux Miroir (1928), Le Retour (1940), Les Valeurs personnelles (1952), L’Empire des lumières (1953–1954) et La Décalcomanie (1966).

Griffonné avec vivacité dans des couleurs chaudes dominées par un jaune rayonnant, du rose-rouge et de l’orangé, le dessin aux crayons de couleur (27 centimètres sur 24) représente quant à lui une jeune femme nue au visage rond et aux cheveux longs, dans des couleurs et un style qui préfigurent ceux de sa période « plein soleil », dite aussi « période Renoir », qui durera de 1943 à 1947.

René Magritte, Sans-titre (Nu de face)

« Trouver ainsi deux œuvres inconnues au catalogue raisonné et certifiées par le comité Magritte est exceptionnel », s’est réjouie auprès de l’AFP Solène Lainé, commissaire-priseur à Caen.

Deux œuvres restées longtemps entre les mains des descendants d’Ernst Moerman

 

Datant de la phase la plus appréciée du parcours du peintre, ces deux œuvres avaient été conservées jusqu’à ce jour au sein de la famille de l’un de ses amis : le poète et cinéaste surréaliste belge Ernst Moerman (1897–1944), référencé comme un collectionneur de son travail. « Quand on nous les a apportés, je n’ai pas eu l’ombre d’un doute, affirme Roberto Perazzone, du cabinet d’expertise Perrazzone-Brun. La dextérité qui donne ce mouvement incroyable, on retrouve cette façon de traiter les nuages qui donne ce volume extraordinaire, ce sont les œuvres de Magritte, c’est une part de rêve ».

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